lundi 20 août 2012

Une journée dans la peau de la directrice


5h20. Le réveille-matin sonne. Non. Ce n’est pas le réveille-matin, c’est mon petit dernier qui fait ses dents. Je m’extirpe du lit, péniblement. Il faut dire que la réunion de la veille avec mon conseil d’administration s’est terminée passablement tard. Je berce mon bébé tout en établissant l’horaire de ma journée. Le premier s’est rendormi, le second est bien rempli; je me dirige donc vers la douche. S’en suivent maquillage, coiffure et tout le toutim (oui, la directrice est coquette un brin). Café à la main, je prépare le déjeuner pour toute ma marmaille. Le téléphone sonne : entrevue matinale à la radio. Je règle le téléviseur sur le canal des dessins animés puis m’enferme dans la salle de bain pour ne pas être dérangée pendant l’entrevue.

8h00. Départ imminent pour le bureau. Dents brossées et pipi fait par la marmaille, nous sautons tous dans la voiture, littéralement. Après avoir laissé ma plus vieille à la garderie, je me dirige vers le Centre d’art pendant que bébé pleure d’avoir le soleil dans les yeux, juste avant de s’endormir profondément. Au bureau, je démarre la cafetière, ouvre mon ordinateur et prend les messages sur le répondeur. Je m’assieds ensuite pour lire les 32 courriels reçus durant la nuit, tout en jetant régulièrement un coup d’œil à mon bébé qui dort comme un roi dans la voiture. Une petite alarme retentit sur mon bureau : dans cinq minutes, la commissaire Nathalie débarquera au Centre pour qu’on règle nos comptes (financiers, han, pas de chicane dans ma cabane). On s’assied, on rigole, on se remémore notre semaine folle de montage, on se félicite mutuellement du bon travail. Bref, on s’aime ben gros. Elle reste dans le bureau environ une heure, pendant laquelle l’animateur vient par deux fois me demander si je suis disponible pour rencontrer des artistes qui veulent déposer des projets. Évidemment non, ils devront repasser plus tard. J’interromps ma rencontre avec Nathalie pour aller chercher mon fils qui s’est réveillé. Je l’allaite d’un bras tout en signant des chèques de l’autre. Puis, je le dépose au sol et il s’élance vers son terrain de jeux préféré : le bureau de l’agente de communication.

11h30. Un des artistes venu plus tôt est dans mon bureau. Il m’expose son projet pendant que mon bébé hurle de faim. Un rapide coup d’œil à mon ordinateur m’indique que j’ai reçu 23 nouveaux courriels. J’ai faim. J’ai envie d’un café. J’entends l’animateur qui explique à une dame, mécontente de devoir payer pour entrer, que les sommes amassées nous permettent de développer sans cesse notre établissement, tout en offrant des conditions d’exposition agréables pour nos artistes. Je note dans ma tête que je lui dois des félicitations pour son discours. Je fais dîner mon bébé, j’avale quelques bouchées rapides tout en consultant mes courriels puis je m’attaque à ma programmation 2013. J’ai du pain sur la planche, mais je trippe à mettre de l’avant tous ces projets soulevés à la dernière réunion.

13h00. Mon bébé dort. J’en profite pour mettre à jour la comptabilité, payer les factures, préparer les dépôts. Je fais quelques téléphones. Au bout du fil : des artistes dont le dossier a été retenu, des organismes me donnant des précisions sur leur programme de subvention, des directeurs de musées susceptibles d’accueillir nos expositions itinérantes, une école prévoyant une visite cet automne. Je couche sur papier quelques idées de mise en espace, je prépare mon plan de match pour la prochaine édition de la Rencontre photographique. Je fouille sur Internet, je fouine dans mes dossiers reçus suite à l’appel de projet, j’écris, je construis, j’élabore, je rêvasse sur la programmation 2013 parfaite. Je prie les dieux de l’aide financière au fonctionnement. Mon fils se réveille. Câlins, petits jeux, comptines. Mon rôle de mère éclipse totalement, l’espace d’un quart d’heure, celui de directrice. Mon fils veut repartir à la découverte, je le dépose au sol et il se dirige vers la grosse boîte pleine de dépliants qu’il éparpille.

16h20. J’envoie quelques derniers courriels avant de plier bagages. J’emporte quelques dossiers que je feuillèterai à la maison une fois les enfants couchés. Je récupère ma grande à la garderie et tout en chantonnant des comptines avec elle, je vérifie mentalement que mon horaire de la journée a été respecté. Au bercail, c’est la routine familiale du soir qui s’enclenche : préparation du souper, avalement du souper, digestion du souper pendant le bain des enfants, jeux, histoires et dodo. Quand tout le monde dort, même mon conjoint, je sors quelques dossiers et les consulte. Je réfléchis, en silence. Je prends des notes, je lis pour la centième fois la ligne directrice de tel programme de subvention, j’ajoute quelques phrases dans la demande de tel autre programme. Je dessine des plans de mise en espace, j’efface, je recommence. Jusqu’à ce que je tombe de sommeil. Là, je monte à l’étage et m’endors en me disant que j’ai sans aucun doute la plus belle job du monde entier!  

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