lundi 19 juillet 2010

Blogueuse-invitée : PILAR MACIAS

J'ai débuté ma pratique artistique dans mon pays d'origine: le Mexique. La situation que j'y vivais et ma réaction se transmettaient par la photographie. À cette époque, j'ai commencé à m'inspirer de la culture populaire mexicaine, comme ses proverbes, et j'ai utilisé l'image des corps comme métaphore. Par mes photographies, je voulais combattre des stéréotypes sociaux et culturels touchant les femmes dans la société urbaine mexicaine. Je voulais mettre en lumière l’évolution des valeurs issues de la société de consommation et questionner la force du conservatisme. Je cherchais à confronter le «réel observé » avec une mise en scène de corps nus. Cette nudité parlait de cette réalité mais d’une manière autre, afin de générer un contraste provoquant et révélateur par leur ambiguïté.

Au Québec, j’ai développé mes projets en reliant des situations vécues au Mexique et dans mon pays d’adoption. Avec le temps, je constate des différences culturelles tout en me questionnant sur les perceptions que les deux cultures portent sur certains sujets.

Par exemple, le rapport que nous entretenons avec la chair que nous consommons. En 2000 avec le projet «désemballage», j’ai travaillé la superposition de deux négatifs; un animal mort et un corps nu, qui se confondaient. Ensemble, ils créaient une réflexion sur notre condition d’animal de chair, de sang et de carnivore. J’ai travaillé sur différents supports comme des radiographies ou photographies cousues pour exprimer d’autres réflexions comme l’aseptisation des aliments et le processus d’industrialisation de certains produits.

Le projet « Oh hasard! », réalisé en 2002, est une adaptation et une réappropriation d’un jeu mexicain, sorte de «bingo » imagé, où j’intervertis les symboles traditionnels avec des images recueillies dans mon environnement actuel, le Bas-du-Fleuve. De cette façon, j’essaie de transcender les distances entre les deux cultures.

Le dépaysement que j’ai ressenti à mon arrivée au Québec en 1991 s’est transformé au fil des années en une vision plus paisible, avec moins de confrontations liées à mon adaptation. Ce changement dans mon état a eu ces dernières années des effets jusque dans ma démarche de photographe. Par exemple, c’était la première fois que les paysages avec les changements de saisons prenaient une aussi grande place dans ma recherche photographique. Ces paysages font partie de mon quotidien et me situent dans un temps et un espace déterminés. À mes yeux de mexicaine, ils illustrent non plus seulement un lieu topographique, ils représentent la vie sociale, culturelle ou historique. C’est avec ce nouveau regard que je poursuis le travail actuel en utilisant le corps en relation avec son environnement.

2 commentaires:

  1. J'aimerais bien voir ces paysages vus par "des yeux de mexicaine", surtout ceux hivernaux. L'adaptation à nos changements de saison a dû vous être difficile. Maintenant que vous y êtes habituée et, d'après ce que je lis, qu'ils font partie de votre quotidien, voyez-vous les beautés de tels changements de saison ou surtout les inconvénients?

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  2. Bonjour,
    J’adore les changements de saison mais surtout l’été et l’hiver avec beaucoup de neige. Je ne prendre pas beaucoup des photos l’hiver, c’est froid pour les mains, mais j’admire la beauté et je profite de sports. J’ai quand-même quelques photos. C’est la première fois que j’écris dans un blog, donc je ne sais pas si je peux les publier.

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